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Rencontre avec Redouane Rebaine

Le créateur Redouane Rebaine sait habiller aussi bien les hommes que les femmes. Ses tenues, sont d’une telle diversité, que tout le monde trouverait son bonheur chez lui. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer ce grand monsieur chez lui, dans son atelier, où il nous a invité dans son univers et ouvert son cœur.

Au-delà de du créateur de mode, nous avons rencontré cet artiste plein d’humilité et d’humour qui s’est livré à nous avec une spontanéité fulgurante. Voici notre rencontre avec Mr Redouane Rebaine.

Paperbagg : Qui êtes-vous et qu’est-ce que vous faites ?

Redouane Rerbaine : Alors je m’appelle Redouane Rebaine, je suis styliste modéliste algérien.

PB : Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours ? Votre formation, vos expériences…

RR : Je suis couturier de formation. J’ai été à l’institut technologique du vêtement et de la mode qui n’existe plus aujourd’hui, j’ai commencé la couture à l’âge de 17 ans. A 18 ans j’ai commencé à travailler dans des magasins de couturier à Alger, ensuite je suis parti à l’étranger.

J’ai énormément voyagé dans ma vie, j’ai fait 3 mois de stage chez CASTELBAJAC, mais j’aimais plus être au contact de mes clients et détestais être cloîtré derrière un bureau, j’ai quitté pour aller ensuite chez des couturière où j’ai appréhendé les tenues de soirées. Mes différentes expériences m’ont permis de toucher au prêt-à-porter, la haute couture, l’industrie…etc. Ce qui est une véritable aubaine quand on travaille en Algérie où il faut tout faire soi-même.

Mais vous savez, chacun voit la mode à sa manière, à l’école on ne vous apprend que les bases, qui ne sont pas à négliger, mais pour être créateur il faut en avoir l’esprit, il faut savoir aller très loin au fons de soi pour en sortir avec quelque chose, et il faut avoir la vie assez libre pour pouvoir penser aux autres et visualiser la façon de les habiller.

Voyant ma passion flétrir petit à petit j’ai décidé de rentrer en Algérie dans les années 80 et m’intéresser au marché du prêt-à-porter homme qui était vierge en Algérie. Ce que je voyais en vitrine ne correspondait en aucun cas au prêt-à-porter qui se faisait ailleurs dans le monde, le choix est très limité et la qualité médiocre.

J’ai été primé 2 fois lors des salons de création, j’ai par la suite réalisé les uniformes du personnel du Sofitel, du Mercure et des femmes policières.

PB : Quels thèmes poursuivez-vous ?

RR : Mes réalisations se définiraient comme casual urbain style, elles pourraient remplacer le sport wear de par leur praticité et légèreté, tout en gardant une empreinte algérienne que ce soit dans la coupe, les motifs que j’utilise ou les accessoires qui vont avec. Qui d’autres qu’un algérien pourrait exploiter la culture algérienne ? Je trouve bizarre que des créateurs occidentaux s’inspirent de la culture maghrébine et de la culture musulmane pour leurs collections et pas nous. Il faut se préparer aux thèmes ethniques.

PB : Quelle partie de votre travail prenez-vous le plus de plaisir à faire ?

RR : Je travaille beaucoup la structure du vêtement, pour moi c’est l’essentiel car une fois qu’on maitrise la structure on peut s’éclater à souhait sur le reste, j’aime également choisir les tissus, j’ai eu la chance par le passé de connaitre les vrais tissus, ce qui se fait maintenant c’est des ressemblances de tissus ! Et par-dessus tout j’adore imaginer et dessiner de nouveaux modèles.

PB : Au fil de toute l’histoire de la mode, quelle a été le créateur qui vous a le plus marqué ou inspiré?

RR : Je dirai Yves Saint Laurent car il a su imposer son style de façon à ce qu’aujourd’hui rien qu’en évoquant son nom on arrive à l’imaginer. Il était très discret mais son travail parlait et parle encore de lui aujourd’hui.

PB : Quel endroit vous inspire le plus en Algérie

RR : Je regarde le monde qui m’entoure, les rues d’Alger m’inspirent beaucoup, la mode pour moi se trouve dans la rue ce sont les gens de la rue qui font la mode, je m’en inspire et je crée mes vêtements à partir de ça.

PB : Quel projet rêvez-vous de faire?

RR : Créer ma ligne de prêt-à-porter homme et femme et surtout donner envie aux autres créateurs de faire pareil, de ne pas avoir peur de se lancer et de créer de belles choses. J’aspire à lancer une ligne de prêt-à-porter mixte 100% algérienne qui soit exportable et dans laquelle tout le monde trouverait son bonheur, j’ai l’habitude de travailler sur plusieurs silhouettes, il faut bien habiller tout le monde (rire).

PB : Nommez trois créateurs auxquels vous aimerez être comparé

RR : Pour moi les trois créateurs qui ont su imposer leurs idéologies au-delà de leurs créations sont Yves Saint Laurent évidement qui a su comprendre le corps des femmes et l’habiller de manière précise, Coco Channel qui incarne la simplicité et la beauté, elle a lancé le bijou fantaisie et fait revivre les couleurs qu’on croyait ternes comme le gris par exemple, et Christian Dior dont le nom est devenu synonyme d’extravagance et de luxe.

PB : Quel est le meilleur conseil qui vous a été donné?

RR : Je me souviens, j’étais lycéen et j’adorais dessiner, un jour je suis parti montrer mes dessins à la boutique Rico qui se trouvait à la rue Didouche Mourad et qui était pour moi l’équivalent de Channel en terme de beauté des pièces qui s’y trouvaient. La responsable du magasin était très impressionnée par mes croquis et m’a vivement encouragé à continuer et c’est ce que j’ai fait (rire).

PB : Quel conseil pouvez-vous donner aux jeunes créateurs de mode algériens ?

RR : Comme on m’a encouragé à mon tour j’encourage tous les jeunes à aller au bout de leurs idées sans se mentir à soi-même et sans se mettre de barrière. Personnellement je n’ai jamais eu peur du coup de ciseau, on ne peut pas plaire à tout le monde mais si on est convaincu réellement de son travail il faut se battre pour le réaliser.

Voici un bref aperçu des créations de Redouane Rebaine pour sa marque  La MODE TA3NA.



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