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TABOU, confession d’un jeune de banlieue Interview de Zahwa Djennad

Dans « Taboo, confession d’un jeune de banlieue », Yaniss livre son intimité au lecteur. Jeune homme sensible et différent des autres, son objectif est de faire de sa passion pour la peinture, son métier.

Ce but s’avère d autant plus difficile à atteindre que son environnement, la « banlieue », semble le retenir malgré lui. D’expériences en échecs, de revers en concrétisations, il parvient à faire, tout de même, son petit bout de chemin.

A la façon d un journal intime romancé, Zahwa Djennad traite non seulement de cet univers, bien souvent caricaturé, qu’est la banlieue mais également d’un sujet encore tabou, l’homosexualité.

Redha : Zahwa Djennad bonsoir, vous êtes l’auteur de « Tabou, confession d’un jeune de banlieue » ! Est-ce que vous pouvez le «  pitcher » pour les lectrices de «  Papperbag » qui ne l’ont pas encore lu ?

Zahwa : Bonsoir Redha ! Hé bien « Tabou », c’est l’histoire d’un jeune garçon, Yaniss qui grandit en banlieue et qui se rend compte qu’il est plus sensible que les autres garçons autour de lui ! Il doit donc apprendre à faire avec cette sensibilité puisqu’il ne veut être ni footballeur, ni rappeur…

Redha : …Il veut être artiste peintre.

Zahwa : Voila, et il se rend compte que l’environnement dans lequel il vit n’est pas propice au fait de devenir peintre ou faute de mieux, de travailler dans l’art ! Mais malgré ça, il va y arriver grâce à une aide inattendue.

Redha : Le fameux Fred…

Zahwa : Exactement, il va faire la rencontre de ce Fred qui va l’initier à la peinture, mais aussi à cet univers très parisien qu’est le marais ! Il va donc dans une certaine mesure le détourner en lui expliquant que cette sensibilité artistique, c’est peut-être du à son homosexualité…

Re dha : D’ailleurs, vous n’êtes pas tendre avec ce milieu, vous le « bashez » sans prendre de gants…

Zahwa : Sans aller jusqu’à l’homophobie bien sur. Mais forcement, dans un roman on décrit un univers, on essaye de dépeindre ce milieu très particulier du marais, et parfois, j’avoue, je n’y suis pas allée avec le dos de la cuillère…

Redha : A un certain moment de l’histoire, il se passe un événement dramatique que nous ne dévoileront pas à nos lecteur, mais Yanis, votre héros va se retrouver a voyager en Algérie dans une espèce de quête initiatique qui va l’emmener dans un coin reculé du pays et vers une autre rencontre marquante…

Zahwa : Parfaitement, Yaniss parvient à se faire un petit nom dans le monde de la peinture, mais il reste encore perdu, rempli de doutes, ne sachant qui il est véritablement malgré le fait qu’il soit arrivé à concrétiser son rêve !

Et sur un coup de tête, il décide de partir en voyage ! Et plutôt que de choisir New York, Ibiza ou la Thaïlande comme la plupart des jeunes qui réussissent, il opte pour Algérie qui est le pays d’origine de sa mère mais aussi et surtout le sien !

Il atterrit donc dans un petit village qui s’appelle «  Douarr La3tech », le village de la soif.

Et c’est la qu’il va faire la rencontre du personnage du hadj puisqu’il rentre pour la première fois de sa vie dans une mosquée…

Redha : Hadj qui a tout de suite une immense emprise sur lui….

Zahwa : Tout à fait ! C’est un monsieur très charismatique, qui a une aura, et qui est à la fois l’imam de cette mosquée mais aussi le chef respecté d’une confrérie musulmane !

Il va donc prendre en main l’éducation religieuse de Yaniss, chose que n’a pas fait ses parents qui n’étaient pas forcement pratiquants. ils partent donc tous deux dans de longues discussions théologique et philosophiques sur le sens du monde et de la vie.

A travers le discours du hadj, c’est ma vision de l’islam qui transparait, c’est-à-dire un islam de paix, de tolérance, d’entraide, d’ouverture et de fraternité ! Vision qui est commune je pense à 99% des musulmans de la planète.

Au Final, le Hadj le recadre et lui permet de comprendre veritablement qui il est, que cette sensibilité n’est pas forcement due à son homosexualité, mais plutôt sa foi !

Redha : Alors Zahwa, entre-nous, un livre qui parle de banlieue, d’homosexualité et de religion ne peut que susciter réactions et polémiques ! Comment ce livre à été perçu dans les banlieues justement ?

Zahwa : Au début on m’a dit « Ouais, on n’avait pas besoin de ça, tu mets de l’huile sur le feu et tout », mais au fil du temps, on revient vers moi en me disant merci, merci de « dé-tabouiser » certains sujets et de donner une meilleure vision de nous, les jeunes de banlieue. Merci aussi de donner une autre vision de l’islam que celle relayée par les medias français surtout depuis l’histoire de Charlie-Hebdo ! Il faut que le monde comprenne enfin que tous les musulmans de France et -je crois- du monde ne veulent pas forcement se faire exploser ou exploser la tête des autres ! Au final, ils me disent Merci.

Redha : Ça tombe bien, Merci Zahwa Djennad !



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